UNE SIMPLE FAUTE DE COPIE POUR L’UN ET UNE CHANSONNETTE RÉVOLUTIONNAIRE POUR L’AUTRE ONT ASSURE LEUR POSTÉRITE…
Bien que stratège efficace, donc bon maréchal de France, Jacques II de Chabannes de La Palice était condamné à demeurer un illustre inconnu pour le grand public, comme le sont à de rares exceptions tous les maréchaux. Il aura fallu une faute dans la copie d’un texte écrit sur le champ de bataille pour que la postérité s’empare du grand homme qui s’illustra par ailleurs sur tous les théâtres de guerre en Europe, d’abord sous le règne de Charles VIII, puis sous Louis XII et enfin en tant que maréchal de France précisément, sous François 1er. C’est à la bataille de Pavie que tout bascule pour ce Monsieur de La Palice qui s’éteignit en 1525, mortellement blessé. Il fut un brillant soldat, admiré et aimé par ses hommes, mais particulièrement craint par les armées européennes qui eurent à le combattre. En son honneur, ses hommes écrivirent une chansonnette sans ambition particulière mais qui allait offrir au grand militaire, pourtant à des « années-lumière » des évidences parfois qualifiées de mots d’esprit que l’on lui attribue aujourd’hui, une célébrité à vie. Le texte de ses soldats précise : « Hélas, s’il n’était pas mort, il ferait encore envie ». Faire envie, une allusion à la crainte qu’il pouvait susciter chez l’ennemi. La copie erronée du document réalisée plus tard à Paris indiqua à tort « Hélas, s’il n’était pas mort, il serait encore en vie » Cette redoutable erreur a transformé « ferait » en « serait ». On connaît la suite… Dans les salons parisiens, on se moqua naturellement de ce texte et de La Palice lui-même dont le nom est associé aujourd’hui, malgré lui, à des vérités et des évidences. En effet, s’il n’était pas mort, il serait encore en vie… Une chanson au 18ème siècle a porté le coup fatal, et finalement le maréchal a ainsi connu la célébrité, même s’il eut probablement préféré qu’elle le fût grâce à ses grandes victoires militaires plutôt qu’à la moquerie populaire. Même constat pour le roi Dagobert 1er, 1er puisque les Mérovingiens en offrirent quatre. « Le bon roi Dagobert a mis sa culotte à l’envers, le bon Saint Eloi… » etc… chacun d’entre nous a fredonné à un moment ou à un autre cette célébrissime comptine…Outre Clovis, le fameux Clovis de nos manuels scolaires, on connait peu les Mérovingiens du 7ème siècle, sans vouloir offenser les esthètes de la période en question ou les simples passionnés d’histoire. En revanche, Dagobert est devenu une célébrité malgré lui. Cette chansonnette qui remonte à la période révolutionnaire fut destinée à se moquer du roi Louis XVI de manière détournée. Avec Dagobert, la rime du pantalon à l’envers était parfaite. Le grand roi Mérovingien eût probablement préféré lui aussi un prestige plutôt lié à son règne au demeurant remarquable puisque il maintint unies sous son autorité toutes les régions franques…
Philippe Estrade
